PRESENTATION
Les personnes un peu au courant de ce qui se passe en matière de sonorisation savent que pour des concerts de quelque importance, on utilise en général deux tables de mixages. Une pour la façade, c’est-à-dire le public (ce que les anglais nomment FOH, soit ‘Front Of House’) et une autre table pour les retours des musiciens. De cette manière, il est plus simple de gérer deux mixages de manière indépendante, avec un technicien de chaque côté. Mais comment se fait-il que le signal d’un seul micro parvienne à deux consoles en même temps? Simple: on utilise un ‘splitter’. En français on peut traduire par un ‘diviseur’ ou un ‘distributeur’, mais c’est le terme anglais qui est le plus couramment utilisé. Souvent, il s’agit d’un splitter passif, qui est en fait un branchement en parallèle. Cette solution est la moins onéreuse, mais présente plusieurs inconvénients. Entre autres, une perte de puissance du signal audio. En effet le signal audio d’un microphone est très faible, et lorsqu’il est divisé il peut encore chuter, plus ou moins en fonction de l’impédance du micro et de celles des entrées des consoles. Et plus les câbles seront longs, plus il y a un risque de capter des parasites. De plus, la mise à la terre de toute la sono est commune, ce qui peut parfois engendrer des boucles de masse. On constate aussi souvent une perte dans le haut du spectre (le son est un peu plus sourd). Parfois, lors d’un changement de plateau, des problèmes surviennent: une ligne ne va pas, ou des craquements sont présents. On arrive heureusement à solutionner ces petits problèmes mais c’est toujours dans l’urgence (le concert doit commencer à l’heure) et c’est pourquoi les sonorisateurs sont souvent chauves ou grisonnants, et doivent pour survivre ingurgiter moult boissons alcoolisées pour faire face au stress. Petite parenthèse pour les amateurs de grammaire, ‘moult’ est invariable, mais on doit prononcer le ‘t’. C’est étrange (de jambon), mais c’est comme cela. C’était la rubrique: ‘améliorons notre langage’. Revenons sur scène: il y a également le problème de l’alimentation fantôme, qui ne doit être enclenchée que sur une seule table sous peine d’endommager un micro. Parfois on l’oublie, et parfois on l’active des deux côtés, ce qui peut être une source de problème dans les deux cas. Si en plus il faut enregistrer ou radiodiffuser le concert, c’est encore pis: le signal sera divisé en trois, et si un bruit peut passer quasi inaperçu ou faire partie de l’ambiance rock’n roll d’un concert, sur l’enregistrement cela fait franchement mauvais genre. L’utilisation d’un splitter actif tel que le modèle Klark Teknik présenté ici permet de résoudre les problèmes évoqués plus haut, et donc de garder ses cheveux et leur couleur d’origine (et d’arrêter de boire pour faire face au stress, on boit alors uniquement par plaisir, ce qui est quand même plus classe). Nous allons voir cela en détail, et comme un petit dessin vaut mieux qu’un grand discours, je vous agrémente le test de quelques schémas, sur notre website.
DESCRIPTION
Comme les autres modèles de la gamme, le splitter Square ONE est mauve. La face se compose de deux parties: à gauche on compte huit entrées et huit sorties en XLR alors qu’à droite on remarque huit boutons de gain, accompagnés chaque fois d’un filtre passe haut à 30 Hz, d’une alimentation fantôme, chacun surmontés d’une led. Un interrupteur ‘solo’, accompagné d’une led est également présent. Le niveau se mesure via quatre led (deux vertes, une jaune et une rouge). A droite on trouve une prise casque et un bouton de volume afférent. L’arrière se compose de huit entrées XLR et de seize sorties (huit sorties ‘A’ et huit sorties ‘B’) au même format. On peut séparément désactiver la masse (‘ground lift’) pour les sorties A ou B (les huit sorties chaque fois), et une led témoin accompagne chaque interrupteur. Autre interrupteur doublé d’une led est celui nommé ‘media split’, nous y reviendrons. Signalons à l’extrême gauche une prise IEC, mais pas d’interrupteur. Le poids est de quatre kilos et demi, et l’appareil fait deux unités-rack de haut.
UTILISATION
L’utilisation en elle-même est très simple. On peut se brancher au choix à l’avant ou à l’arrière (il s’agit d’entrées parallèles). Le signal entrant ressort par les trois sorties (nommées A, B et C). Il y a toutefois une différence: les sorties A et B situées à l’arrière disposent d’une symétrie électronique, et d’un étage de gain ajustable via les potards situés à l’avant. Signalons que les boutons de gain sont crantés par pas de 5 dB, ce qui permet de trouver aisément une position commune. L’impédance de sortie est ici de 50 Ω. Les sorties avant sont quant à elles isolées via un transformateur (isolation galvanique), et leur impédance de sortie est de 75 Ω. Il y a une explication: l’arrière sera plutôt utilisé pour les consoles de face et de retours, qui bénéficieront d’un signal amplifié (donc moins sujet aux parasites) tandis que l’avant sera plutôt destiné à l’enregistrement ou au broadcast, qui préfèrent ajuster leur propre gains (souvent dans des préamplis haut de gamme), et être parfaitement isolés.
SONORITE
Le but est ici d’offrir un signal le plus pur possible. Les huit préamplis sont inspirés de ceux présents sur la console Midas XL-8 (excusez du peu), et propose une plage dynamique énorme: pas moins de 140 dB. La réponse en fréquences tient dans un demi dB, entre 20 Hz et 20 kHz. Ce n’est donc pas sur le chapitre du son qu’on prendra ce splitter en défaut. Il suffit de passer d’un splitter passif au modèle testé ici pour se rendre compte de la différence. On n’a qu’une seule envie: garder ce splitter (et ses cheveux) tant la qualité sonore s’en ressent. Les studios mobiles seront évidemment les premiers intéressés, mais les boîtes de sono ne seront pas en reste, on s’en doute. Le splitter étant posé sur scène, la longueur entre le micro et l’appareil sera relativement courte. Pour les plus grandes longueurs, l’utilisateur obtient un signal plus important (puisque préamplifié), et donc à l’abri des parasites.
BUDGET
Le prix est de 945 euros (prix brut conseillé, hors tva). Ceci n’est pas très cher, il faut bien l’avouer. Bien entendu, si vous mixez régulièrement quarante lignes, il vous faudra acquérir cinq splitters (ou le frère DN-1248+), mais je suppose que dans ce cas, vous pourrez obtenir une ristourne. Reste que le prix est très abordable: il suffit de consulter les prix habituellement pratiqués pour ce type de machine pour s’en rendre compte.
CONCLUSIONS
Difficile de prendre en défaut ce splitter Klark Teknik. Comme les autres modèles de la série Square ONE, on est séduit d’abord par le prix abordable, puis on découvre la qualité sonore, supérieure à ce qu’on attend. En plus, on bénéficie ici d’une marque réputée, avec une garantie de trois ans, ce qui en dit long sur la solidité supposée de cet appareil. L’essayer, c’est l’adopter.